Julia Moa Caprez
"Vivaldi a toujours fait partie de ma vie.
Mon père l’écoutait en me berçant, bébé, dans son fauteuil à bascule. Enfant, à la Tonhalle de Zurich, j’ai vu Nigel Kennedy en blouson de cuir et crête de punk interpréter Les Quatre Saisons.
Il parcourait la scène, tournait autour de l’orchestre en sautant et tapant des pieds comme un danseur de hip-hop tandis que de son violon sortait le gazouillement des oiseaux du printemps, le tonnerre d’un orage d’été, la mélancolie d’une journée d’automne, la sérénité d’un paysage d’hiver. Il groovait et lévitait en même temps ; j’étais fascinée. Les Quatre Saisons, je voulais moi aussi les jouer !
J’ai alors insisté pour apprendre le violon, j’avais quatre ans. Et,
quatre ans plus tard, suivant la méthode japonaise "Suzuki", j’ai présenté en public mon premier Vivaldi : Concerto en La mineur.Ensembles et orchestres, concerts de l'Ecosse à la Russie...le violon prenait de plus en plus de place dans ma vie.
Mais j'avais mal au dos! Mon corps avait besoin de bouger !
Alors, j’ai rangé mon instrument pour suivre l'Académie de danse d’Amsterdam, puis les écoles de cirque de Buenos Aires et de San Francisco. Spectacles de rue, de cabarets, compagnies de cirque, de danse…le violon s'est endormi.
Des années plus tard, marquée par l'enseignement des clowns Jeff Raz, Yvo Mentens, Caroline Obin, et en pleine découverte de mon propre clown, Vivaldi m'a rattrapée. J’ai pris conscience que le violon était partie intégrante de ma voix la plus profonde, fondamentale. En créant Les Rois Vagabonds avec Igor Sellem, je l‘ai retrouvé. ”
« Je n’ai pas décidé quel clown je suis. C’est sous le regard des spectateurs que j’ai découvert en moi cet être qui ne se dévoile que le temps éphémère de la rencontre avec le public. »